Le tableau "Fuck abstraction !" peut rester au Palais de Tokyo

Le tableau "Fuck abstraction !" peut rester au Palais de Tokyo

Le juge des référés du Conseil d'Etat considère que l’accrochage du tableau "Fuck abstraction !" de Miriam Cahn au Palais de Tokyo, lieu dédié à la création contemporaine, ne porte pas une atteinte grave et illégale à l’intérêt supérieur de l’enfant ou à la dignité de la personne humaine.

Par une ordonnance du 28 mars 2023 (n° 2306193/9), le tribunal administratif de Paris a rejeté la demande d'associations de retirer le tableau "Fuck abstraction !" de l’artiste Miriam Cahn, exposé au Palais de Tokyo, estimant que celui-ci dépeignait un viol d’enfant par un adulte et pouvait être vu par des mineurs.
Les juges ayant rejeté leur demande, les associations ont interjeté appel de cette décision.

Dans son ordonnance rendue le 14 avril 2023 (requêtes n° 472611, 472612, 472646 et 472702), le juge des référés du Conseil d’Etat observe tout d’abord que la société Palais de Tokyo a entouré l’accès au tableau "Fuck abstraction !" de précautions visant à en écarter les mineurs non accompagnés et dissuader les personnes majeures accompagnées de mineurs. Deux agents de surveillance sont positionnés à l’entrée et au milieu de la salle et un médiateur est présent de manière continue au niveau du tableau.

Le juge des référés ajoute que la seule intention de l’artiste est de dénoncer un crime. Il relève que des cartels informatifs ont été positionnés tout au long du chemin conduisant à l’œuvre : ces éléments de contexte permettent de redonner à cette œuvre le sens que Miriam Cahn a entendu lui attribuer.
Ainsi, le panneau positionné au centre de la pièce indique que le tableau a été réalisé après la diffusion des images du charnier de Butcha en Ukraine. Celui qui est placé juste à côté de l’œuvre fait référence aux crimes commis à Butcha, dénoncés comme crimes de guerre et précise que la victime est une personne adulte.

Dans ces conditions, le juge des référés estime que l’accrochage de ce tableau, dans un lieu dédié à la création contemporaine et connu comme tel, et accompagné d’une mise en contexte détaillée, ne porte pas d’atteinte grave et manifestement illégale à l’intérêt supérieur de l’enfant ou à la dignité de la personne humaine.